#JEUDICONFESSION spécial #RIO2016 avec Pierre TERZI

Tout d’abord Pierre, quelle a été ta première réaction quand Olivier Krumbholz t’a appelé pour occuper le poste de préparateur physique auprès de l’Equipe de France ?
“Surpris tout d’abord même si je savais par Eric Baradat qu’Olivier cherchait à me joindre depuis quelques temps. Je pensais naïvement que c’était au sujet de l’organisation du Mondial 2018 sachant que j’ai été responsable du plateau compétition à Dijon lors du Mondial 2007. Et puis en recoupant quelques informations lues ça et là dans la presse je me suis douté qu’il se passait quelque chose autour de l’équipe de France Féminines. Pour autant je ne m’étais pas du tout projeté vers ce scénario et encore moins personnellement parmi les acteurs potentiels … J’avais refermé (définitivement) le livre en 2004.”

La France n’ayant pas parvenu à se qualifier directement pour les Jeux Olympiques de Rio cet été, elle a dû s’en remettre à un Tournoi de Qualification Olympique qui s’est déroulé à Metz du 17 au 20 mars. Tu es arrivé dans le staff seulement fin janvier, comment prépare-t-on ce genre d’événements en si peu de temps ?
“J’ai essayé d’analyser (statistiquement et en vidéo) comment les joueuses du groupe France étaient sollicitées par leurs clubs respectifs de Janvier à Février 2016 de sorte à cerner – le moins mal possible – l’état des troupes lors du premier regroupement. J’ai contacté les staffs et aussi quelques joueuses pour affiner. La suite a consisté à observer, écouter et surtout accompagner celles qui étaient en demande. Sur Mars il n’était pas question de modifier ou perturber quoique ce soit à ce stade de la saison.”

Quel bilan personnel dresses-tu de cette compétition qui est un peu un avant-gout des JO ?
“Elle a montré tout le potentiel de cette équipe mais aussi le chemin qu’il reste à parcourir pour espérer faire une performance à Rio dans une compétition qui sera extrêmement relevée pour cette édition 2016. A part le Danemark (absent) le top 10 mondial sera au brésil. Ca va être une belle bagarre et il faudra être très très costaud.”

Un petit séjour à Rio durant le mois d’août c’était inattendu, non ?
“Complètement ! J’étais davantage focalisé sur la préparation d’un séjour en Bretagne en Août en essayant de le faire coïncider avec les championnats de France de Course d’Orientation. Avec mon pote Jean Claude Suty (ex handballeur et père de Jérémy) de l’AS Quétigny nous avons échoué – un peu par ma faute – à 10 secondes du podium en 2015. J’aurais bien aimé, cette année, faire mieux qu’en 2015 …
Je dois aussi remercier, Nicole, mon épouse pour sa mansuétude et sa compréhension.”

Certaines joueuses sortent d’une longue saison, comment les prépare-t-on physiquement et comment peuvent-elles garder le rythme avant une compétition de la dimension des JO ?
“C’est le domaine le plus compliqué à gérer. Il faut prendre en compte beaucoup de paramètres qui sont variables d’une joueuse à l’autre en fonction des parcours réalisés avec les clubs, de leur rôle et temps de jeu dans leurs équipes respectives, des blessures contractées et de leur gravité, de la fatigue accumulée voire de la saturation psychologique. A l’heure ou 90% des joueuses vont bientôt souffler et se régénérer les 10% sélectionnées aux J.O. vont en remettre une couche pour 2 mois. Autant dire que la saison 2015-2016 va, pour elles, durer 13 mois … De fait si une trame collective est établie des adaptations individuelles sont incontournables. La première partie de la préparation olympique est déjà construite.”

Ta dernière campagne avec l’Equipe de France Féminine s’est soldée par un titre de Champion du Monde (en 2003 contre la Hongrie 32-29 après prolongations). Quel sera l’objectif pour cet été ?
“En fait ma dernière campagne date des J.O d’Athènes en 2004. J’ai participé à 35 jours de la préparation olympique sur 45 mais il n’était pas prévu à l’époque que je me rende à Athènes avec la délégation fautes de places au village olympique. C’était frustrant d’autant que l’équipe perd la 1/2 finale contre la Corée et ne parvient pas à écarter l’Ukraine (d’Anastasiya !) pour la médaille de bronze. Pour Rio l’objectif est d’autant plus clair que notre ‘’mission’’ dure (en principe) 6 mois avec l’objectif de faire une performance. C’est toujours plus facile à dire qu’à faire et seulement 3 équipes iront au bout. L’opposition sera musclée, la compétition est longue et semée d’obstacles avec un 1/4 de final couperet.
Et puisque tu évoques la finale de 2003 il faut aussi qu’un brin de chance soit au rendez vous. Pour autant on constate que c’est souvent ceux qui travaillent beaucoup qui ont de la chance … Alors commençons par travailler, faisons le maximum et du mieux possible pour ne rien regretter quoiqu’il arrivera.”

Revenons au CDB ! Comment va se dérouler la préparation des Dijonnaises, en sachant que tu seras indisponible du 5 au 21 août, alors que les filles, elles, auront déjà repris le chemin des entraînements ?
“Je serais physiquement absent pendant la préparation estivale du CDB mais celle ci est déjà en gestation. Les séances seront mises en place et animées par le staff renforcé spécifiquement par Cheick Fall un de mes anciens stagiaires au Creps aujourd’hui coach sportif. Il a déjà participé peu ou prou à la préparation les 2 saisons précédentes.”

Cette saison a été marquée par deux retraits administratifs, le Championnat a donc été amputé de plusieurs rencontres, cela a du être difficile à gérer physiquement ?
“Bien au contraire. N’ayant plus grand chose à jouer sportivement nous avons décidé de commencer la préparation de la saison prochaine dés le mois d’Avril en prenant des options bien ciblées dans le domaine du travail physique. D’autant que le groupe est jeune, travailleur et encore très perfectible. Avril a été consacré à un gros bloc de musculation dynamique combiné à de l’haltérophilie et Mai est consacré à un gros bloc de travail de course à pied. Les résultats sont assez intéressants sur le plan physique. Ça nous a même donné quelques idées pour la saison prochaine. Les filles en partance avaient le choix d’adhérer aussi au projet et je constate qu’à 75% elles ont toutes adhéré. Ce qui souligne leur état d’esprit, la bonne ambiance qui règne dans le groupe et leur professionnalisme.”

Pour finir, j’imagine que tu as déjà repéré tes parcours de courses d’orientation dans la jungle brésilienne ?!
“J’y pense mais en Amérique du sud les boussoles indiquent le pôle sud alors que la mienne indique plutôt le nord. Ce serait comique de perdre le nord dans le sud… Alors on va d’abord essayer de chercher une médaille. Les balises attendront !”

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